Les placements abusifs et l’inconscient de l’enfant

Catégorie : Médias et société

Les placements abusifs et l’inconscient de l’enfant

Quand un enfant est placé sans nécessité réelle, quelque chose se joue bien au-delà du visible.

Psychanalytiquement, l’enfant vit une effraction dans son monde interne : un événement qu’il ne peut ni anticiper ni comprendre, créant une sidération psychique.

À l’âge adulte : cela peut se traduire par une hypersensibilité aux injustices, une difficulté à faire confiance aux institutions, un sentiment permanent d’insécurité ou de menace diffuse.

Du point de vue psychanalytique, le placement abusif crée une fracture dans l’appareil psychique : On parle d’un “clivage” du Moi : l’enfant sépare en lui la partie qui souffre et celle qui doit survivre, provoquant une coupure intérieure qui peut persister.

À l’âge adulte : cela peut mener à des difficultés à s’unifier, à des contradictions internes (“je veux / j’ai peur”), à des comportements auto-sabotants ou à une instabilité émotionnelle.

L’enfant ne comprend pas pourquoi il est arraché. Son inconscient conclut alors : « Si l’on m’a retiré de mon foyer, c’est que je suis dangereux… ou que l’amour est dangereux. »

Ce mécanisme correspond à l’introjection d’une culpabilité primitive : l’enfant se rend responsable de ce qu’il ne peut expliquer.

À l’âge adulte : cela peut engendrer des schémas amoureux toxiques, la peur d’être “trop”, la croyance profonde de ne pas mériter l’amour, ou encore une tendance à accepter des relations où la douleur est normalisée.

Cette rupture violente rejoue ce que Freud appelait le traumatisme de séparation : une perte subie, impossible à symboliser.

L’enfant n’a pas les mots, alors le corps parle : angoisse, blocages, mutisme, colère, hypercontrôle. On parle ici d’un trauma non symbolisé : un événement non intégré, qui reste logé dans l’inconscient sous forme de réactions corporelles.

À l’âge adulte : cela peut se transformer en anxiété chronique, crises de panique, difficultés à exprimer ses émotions, besoin excessif de contrôler son environnement, ou repli affectif.

Le placement injustifié trouble aussi l’image du parent. L’enfant intériorise : « Celui qui devait me protéger n’a pas pu. Ceux qui viennent me protéger m’enlèvent. » double confusion, double loyauté, double douleur.

C’est une atteinte directe au stade de l’attachement : l’enfant vit une désorganisation car les figures de confiance deviennent ambivalentes aimées mais perçues comme dangereuses.

À l’âge adulte : cela peut se traduire par une loyauté confuse dans les relations, un besoin de sauver l’autre, des choix de partenaires instables, ou une peur constante de la trahison.

Dans le long terme, cela peut créer un trou dans la chaîne identificatoire : difficulté à se sentir « entier », à se reconnaître, à s’attacher sans peur de perdre. En psychanalyse, on parle d’une fragmentation du Moi et d’un déficit identificatoire : l’enfant manque d’une base stable pour construire son identité.

À l’âge adulte : cela peut mener à des crises identitaires répétées, un sentiment de vide intérieur, une difficulté à se sentir légitime, ou une incapacité à s’ancrer dans des relations durables.

Mais la psychanalyse rappelle aussi ceci : Un enfant peut cicatriser quand on lui redonne un espace où sa parole compte, où sa vérité psychique est reconnue, pas interprétée à sa place. Reconnaître l’histoire, mettre des mots, réparer la symbolisation : c’est ce qui permet au Moi de se reconstruire.

À l’âge adulte : cela ouvre la voie à la résilience, à l’affirmation de soi, à une reconstruction identitaire solide et à la capacité d’aimer sans se perdre. Dans l’inconscient, ce n’est pas le placement qui fait trauma. C’est l’absence de sens, l’absence de lien, l’absence de regard humain.

Le traumatisme, c’est le non-dit, l’inexplicable. C’est l’absence d’un adulte qui explique, qui rassure, qui porte psychiquement l’enfant.

À l’âge adulte : cela peut devenir une colère silencieuse, un besoin intense de vérité, une quête de sens, ou au contraire un refus total de revenir sur le passé deux façons de survivre au même manque de sens.

Si vous avez vécu un traumatisme et que vous souhaitez entamer un travail thérapeutique en profondeur, vous pouvez me contacter. J’accompagne régulièrement des personnes à Marquette-lez-Lille, Saint-André, Marcq-en-Barœul, Lambersart, la Madeleine.

jessica Le Bozec- Psychanalyste et Thérapeute à Lille
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