Le traumatisme transgénérationnel désigne les blessures émotionnelles, psychologiques ou biologiques qui se transmettent d’une génération à l’autre. Ce concept décrit la façon dont des expériences douloureuses, telles que la guerre, la violence, l’insécurité ou les pertes, peuvent laisser une empreinte durable sur les descendants, même lorsqu’ils n’ont jamais vécu ces événements eux-mêmes.
Et si les blessures psychiques laissaient une trace… jusque dans notre ADN ?
La Dre Ariane Giacobino, généticienne au Centre médical universitaire de Genève, a mené une étude fascinante qui révèle que les traumatismes psychiques peuvent produire des modifications mesurables dans notre ADN. Les chercheurs ont analysé le sang de patients exposés à des chocs intenses, identifiés à travers des questionnaires précis, et ont pu isoler des gènes dont l’expression changeait selon l’intensité du traumatisme subi. Le constat est saisissant : plus le stress est fort, plus des marques chimiques spécifiques appelées modifications de méthylation apparaissent sur l’ADN. Ces marques ne modifient pas la séquence génétique elle-même, mais elles régulent l’activité des gènes. Cette trace, véritable cicatrice biologique du traumatisme, est transmissible à travers les générations.
Chez les souris comme chez les humains, les effets se retrouvent au moins sur trois générations. Un cas marquant évoqué par la Dre Giacobino : celui d’une fillette née d’un viol incestueux subi par sa mère (son grand père, le père de sa mère ) .Trois générations ont été analysées la grand-mère, la mère et la fille.
Résultat : la petite fille, fruit de ce traumatisme, portait les marques épigénétiques les plus profondes. Preuve que le traumatisme se transmet, s’inscrit, et laisse une empreinte durable sur le vivant. Une avancée scientifique essentielle pour penser autrement le lien entre psychisme, corps, hérédité et mémoire du trauma.
Comment se transmettent les traumatismes ?
La transmission peut se faire par plusieurs voies. Elle peut être physiologique, lorsque les effets du stress sur le corps modifient certains processus biologiques. Elle peut être émotionnelle, lorsque les parents peinent à offrir une présence stable et sécurisante. Elle peut également être relationnelle, lorsque les enfants grandissent dans un climat marqué par la peur, la méfiance ou un manque de disponibilité affective. Certains parents revivent régulièrement des fragments de leur traumatisme, parfois sous forme de dissociation, ce qui rend l’environnement familial instable.
D’autres ont du mal à réguler leurs émotions, ce qui limite leur capacité à répondre aux besoins affectifs de leurs enfants. Il est aussi fréquent que des modèles de dépendance affective ou une vision pessimiste du monde s’installent, influençant profondément le développement de l’enfant.
Quels sont les symptômes possibles ?
Les manifestations du traumatisme transgénérationnel peuvent être très variées. Certaines personnes ressentent une forme de dépersonnalisation, comme si elles étaient détachées d’elles-mêmes ou de la réalité. D’autres présentent des difficultés de mémoire ou de concentration liées à un état d’hypervigilance permanent. Le manque de confiance envers les autres, l’irritabilité, la colère ou l’instabilité émotionnelle sont également fréquents. Les troubles du sommeil, les cauchemars ou les peurs difficiles à expliquer peuvent aussi apparaître.
Chez les enfants, ces effets peuvent se traduire par des difficultés scolaires, un évitement de l’école, une anxiété marquée ou un manque de concentration. Identifier l’origine transgénérationnelle de ces comportements permet souvent de mieux les comprendre et de mieux les accompagner. Une transmission, mais aussi une possibilité de transformation Même si les traumatismes peuvent se transmettre, la capacité de résilience peut se transmettre elle aussi.
Les recherches en épigénétique montrent que les schémas hérités ne sont pas immuables. Comprendre ces mécanismes, travailler sur l’histoire familiale et développer de nouvelles ressources émotionnelles permet de rompre le cycle traumatique et d’offrir aux générations futures un héritage plus apaisé.
Si vous avez vécu un traumatisme et que vous souhaitez entamer un travail thérapeutique en profondeur, vous pouvez me contacter. J'accompagne régulièrement des personnes sur Marquette-Lez-Lille, Saint-André-Lez-Lille, Lomme, Lambersart, Marcq-en-Baroeul, la Madeleine et toute la métropole lilloise.
Au plaisir de vous accompagner.